Les tests de personnalité c’est comme l’éducation. Tout le monde a un avis dessus. On y trouve des défenseurs et des détracteurs. Pour sortir des clivages, essayons de prendre du recul pour la faire la part entre les mythes et la réalité.
L’effet horoscope 🔮
C’est peut-être l’appréhension numéro 1 que l’on peut avoir lorsque l’on s’apprête à passer un test de personnalité. On se méfie par défaut des tests comme des horoscopes et cela a un nom : l’effet Barnum.
Ce phénomène vient d’une expérience scientifique menée par le psychologue Bertram Forer en 1948. Ce chercheur faisait passer un test de personnalité à ses étudiants. Sauf qu’au lieu de leur donner des résultats réellement issus de l’analyse du test, il leur donnait un texte tiré d’un mix d’horoscopes.
Résultat ? Tout le monde se retrouvait à près de 90%.
Cette expérience sème nécessairement le doute. Les résultats des tests sont-ils vrais ? Puis-je faire confiance au système des tests ? Pour éviter ce genre de déconvenue vous pouvez faire deux choses.
La première est de vérifier le sérieux du test que vous vous apprêtez à utiliser. Repose-t-il sur un cadre théorique fort ? Les types de Jung ? Les traits du Big 5 etc. ?
La deuxième est de faire lire à des collègues qui vous connaissent bien la description donnée par le test. Ils doivent pouvoir reconnaître les grandes tendances de votre personnalité.
Je n’aime pas les cases ❌
Les détracteurs du MBTI, comme le Dr Adam Grant, sont les premiers à critiquer tout test qui mettrait dans une case. Au lieu de “cases” et de “types”, ces chercheurs préfèrent parler de “continuum” et de “traits”. Par exemple pour Grant, personne n’est purement introverti ou extraverti. On glisse de l’un à l’autre, en clair on peut être l’un et l’autre.
Tout ceci est vrai dans un sens. Vous pouvez agir de façon introvertie ou extravertie selon les situations que vous rencontrez. Par exemple, quand vous arrivez dans une nouvelle équipe vous pouvez avoir tendance à être plus extraverti pour vous intégrer.
C’est possible, car nous possédons en nous toutes les facettes de la personnalité humaine. Ce qui permet d’ailleurs à l’effet Barnum de fonctionner en décrivant tout… et rien. En revanche, ces potentiels infinis ne doivent pas masquer et encore moins annuler la compréhension de nos préférences.
Si l’on peut être introverti et extraverti, nous avons aussi toutes et tous une préférence naturelle pour l’un ou l’autre. Prenons une analogie avec la nourriture. Certains préfèrent globalement le sucré au salé. Or nous mangeons tous des deux et personne ne s’offusque d’être mis dans une case lorsqu’on lui dit “toi, t’es plus sucré que salé”.
Quand vous choisissez un test, allez donc chercher ceux qui s’intéressent aux préférences personnelles.
Choisissez aussi les tests qui ont pour principal objectif la connaissance et le développement de soi. Leur but n’est pas de prédire parfaitement qui vous êtes en toutes circonstances, mais de faciliter l’introspection en éveillant votre curiosité et celle des autres.
Évitez donc les tests de recrutement ou d’assessment qui sont en priorité conçus pour prédire les performances en passant par des scores et des comparaisons. Leur finalité étant parfois plus industrielle qu’humaniste.
Ma personnalité n’est pas figée 🕊
Si certains ont la sensation que les tests de personnalité les mettent dans des cases, ce dont ils ont encore plus horreur, c’est que ces cases soient pour la vie.
En pratique, évidemment que notre personnalité évolue au cours de notre vie. Nous mûrissons, nos valeurs évoluent et même certains traits de notre personnalité changent.
C’est ce qu’ont observé les chercheurs de l’université de Houston. En 1969, ils avaient fait passer un test de personnalité à près de 1800 jeunes de 16 ans. Ils s’étaient ensuite donné rendez-vous 50 ans plus tard avec le même test.
Le résultat tomba en 2019. Certains traits de personnalité avaient évolué. Mais surprise, l’ordre global des préférences restait inchangé à l’âge de 66 ans.
En clair, oui il y avait des petites évolutions, mais globalement, la personnalité restait la même.
C’est aujourd’hui bien reconnu. Dans la personnalité, il existe une part d’inné et une part d’acquis. Mais encore une fois, la partie évolutive ne doit pas engloutir la connaissance même de la partie innée.
Le goût du défi 🙋♂️
Finalement, en matière de psychologie de la personnalité il faut reconnaître que les réponses tranchées n’existent pas vraiment. Si l’on s’attend à une science exacte, on ne peut être que déçu.
Toutefois, on peut reconnaître une vertu indubitable : les tests de personnalité nous mettent doublement face à nous-mêmes. Une première fois en décrivant nos caractéristiques globales. Puis une seconde, en défiant ce que nous voulons croire de nous-mêmes :
Puis-je vraiment devenir n’importe qui et faire n’importe quoi à la seule force de ma volonté ?
Si ce n’est pas le cas, quelles limites de moi-même est-ce que j’accepte ou je n’accepte pas ?
Dois-je m’épuiser à travailler mes faiblesses ?
Ou devrais-je plutôt investir mon énergie pour développer mes talents ?
En somme, si les tests de personnalité créent autant d’enthousiasme que de scepticisme, c’est peut-être parce qu’ils nous amènent à des prises de responsabilité sur notre vie professionnelle autant que personnelle. Certains les embrassent avec joie, d’autres ne sont pas prêts et les évitent. Mais en 2021, je pense que la connaissance de soi devrait être accompagnée et démocratisée au sein de toute entreprise.
Les plus lus
Vous voulez une équipe performante ?
Si vous vous êtes déjà demandé ce qui boosterait la performance de votre équipe, bienvenue au club.
J’ai analysé la culture de Patagonia !
J’ai analysé leur culture d’entreprise pour vous. Et j’ai tout passé au peigne fin : avis des employés, rituels, principes RH…
Le jour où Google a viré ses managers
Après la décision du CEO, voici ce qu’il se passe.