Le succès de Facebook cache un secret de management

Février 2004, Mark Zuckerberg vient de mettre en ligne son nouveau site : TheFacebook.com.

Le buzz est immédiat. En 24h, 1500 personnes s’inscrivent sur le réseau.

5 mois plus tard, les 1000 $ de Zuckerberg ne suffisent plus à payer les serveurs.

Peter Thiel, ancien fondateur de Paypal, investit alors 500 000 $.

Il joue un coup de maître en devenant le premier investisseur chez Facebook.

Thiel deviendra alors milliardaire. Mais ce n’est pas un hasard…

 

L’influence méconnue chez Peter Thiel 🤫

Dans les années 90, Peter Thiel était l’élève de René Girard à l’université de Stanford.

Considéré comme le Darwin de l’anthropologie, René Girard est à l’origine d’une théorie dont l’universalité a longtemps dérangé : le désir mimétique.

Elle dit que nous sommes tous en imitation permanente, qu’on le veuille ou non. Et en particulier, nous imitons les désirs de nos voisins.

Désir mimétique au quotidien 🍰

Par exemple, lors d’un resto entre amis, qui n’a jamais refusé un désert puis s’est finalement laissé tenté ?

C’est parce que nous voyons les autres s’enthousiasmer sur la carte des déserts que nous cédons au désir… des autres !

(Pour rappel, nous n’en voulions pas initialement.)

Il en est de même dès que l’on voit un ami s’émerveiller sur son iPhone, son voyage aux Seychelles ou tout simplement, quand quelqu’un adore quelqu’un d’autre (stars, politiciens, conjoints, influenceurs etc.).

Nous devenons alors des fans, des followers, des stalkers et des consommateurs (compulsifs).

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L’opportunité à 1 milliard qu’a vu Peter Thiel 🤑

Dès que le désir d’un autre s’installe chez nous, nous créons une relation qui prend racine autour de l’objet du désir : un désert, une cigarette, un leader ou une idéologie.

Car l’autre qui nous voit désirer, va lui-même désirer encore plus ce qu’il voulait initialement.

Cette boucle mimétique est aujourd’hui bien connue suite à la découverte des neurones miroirs, qui interviennent aussi dans l’apprentissage et l’empathie.

Peter Thiel a donc vite compris que Facebook allait virtualiser à l’échelle mondiale ce mécanisme et mettre en ligne ce qui se passe autour de notre table de restaurant.

La carte des déserts allait être remplacée par les photos en ligne et les yeux qui pétillent seraient les likes et les commentaires.

Facebook, machine à mimétisme 👥

Avant d’être un réseau social, Facebook est donc un réseau mimétique illimité et global.

Des millions de gens peuvent sonder et s’approprier en temps réel les désirs de millions d’autres gens, autour d’objets qui deviennent cultes pour ne pas dire culturels : memes, scènes de film, gadgets etc.

C’est le triangle du désir mimétique :

L’agenda caché pour un désir mimétique réussi 🗝

Thiel, en tant que membre du conseil d’administration de Facebook et bon businessman, s’est donc probablement assuré que Zuckerberg crée la parfaite machine mimétique :

– Montrer le désir des gens (pouces, coeurs, emojis)

– Montrer l’authenticité de ces désirs (demande des cartes d’identité, vrais noms, vraies photos de profil etc.)

– Montrer en premier ce que la masse désire le plus (algorithmes)

– Rassembler les gens dont les désirs sont similaires (intérêts, communautés, groupes, jeux etc.)

– Éviter de montrer des choses qu’on ne désirerait pas naturellement (recommandations basées sur la personnalité)

Près de 20 ans après la création de Facebook, ces fondamentaux sont toujours tous respectés et plus que jamais optimisés

L’Australie avait par exemple supprimé les likes sur Instagram pour préserver la santé psychologique de ses utilisateurs. Mais les likes sont revenus deux ans plus tard.

On ne change pas une équipe qui gagne…

La dictature des buzz 🤴

Avant, on voyait des foules hystériques à l’entrée des magasins lors des soldes.

Maintenant, les foules inondent le web et se rassemblent autour de buzz :

• instagramers, youtubers

• hashtags (#prayforamazoina #metoo #balancetastartup etc.)

• propos radicaux et choquants (Trump)

Plus ces foules sont grandes, plus elles polarisent les opinions et plus il est difficile (voire dangereux) d’avoir des avis alternatifs.

La pensée mainstream, tout comme la contre-pensée mainstream, sont gardées par leurs ‘haters’ respectifs.

La nuance n’existe plus et la dictature des pensées de masse s’installe.

Au complot ? 😲

Il n’y a pas à condamner Facebook ou à crier au complot.

Premièrement, tous les réseaux sociaux fonctionnent désormais ainsi (LinkedIn, Twitter etc.). Deuxièmement, Facebook ne fait qu’amplifier ce qui se passe déjà dans nos maisons et nos entreprises.

Si Facebook et Instagram ont réussi à rassembler plus de 2 milliards d’utilisateurs, c’est qu’ils ont réussi à épouser de façon remarquable ce qui est à la racine de la nature humaine.

‘Social media proved to be more important than it looked, because it’s about our natures.’ – Peter Thiel

La tech a un coup d’avance sur l’éducation nationale et sur ce que la société connaît d’elle-même. Dont acte. 

Il faut maintenant se mettre à la page pour ne plus être esclave des mécanismes mimétiques dans notre quotidien.

Au boulot, le mimétisme négatif est partout 🧐

En effet, que se passe-t-il quand :

– Deux personnes d’une même équipe veulent le même poste ? Elles finissent par se battre pour l’avoir et celui qui perd est mis au placard car sa négativité dérange.

– Une réorganisation décidée à huis clos est imposée ? Les groupes contestataires s’unissent autour de l’injustice et le dialogue est rompu.

– Une mauvaise idée fait l’unanimité et les avis dissidents sont étouffés ? C’est la catastrophe assurée (pensée de groupe).

– Une personne est en souffrance personnelle ? Elle contamine toute une équipe de sa négativité et plombe la productivité.

– Les managers sont conviés aux conventions annuelles privées ? Les collaborateurs les voient, les envient et veulent tous devenir manager, notamment ceux qui ne sont pas fait pour manager (les petits chefs).

Il se produit à l’échelle locale ce que Facebook montre en gros au monde : des désirs corrompus, des guerres d’ego, de l’auto-censure, des leaders incompétents et des catastrophes collectives.

Le management mimétique est toxique 😵

Plus on s’imite dans nos désirs, plus on se ressemble.

Plus on se ressemble, plus on veut les mêmes choses (mêmes postes, mêmes projets, mêmes infos, même salaire, mêmes places de parking privées etc.)

Plus on veut les mêmes choses, plus on a d’occasions de se disputer, de ruminer et d’être égoïste.

Les gagnants protègent les privilèges qu’ils ont acquis. Les perdants cultivent la défiance et l’amertume.

Au moindre désaccord sur une décision à prendre et c’est toute cette dette émotionnelle qui ressurgit : comportements passifs-agressifs, désengagement, arrêts maladies.

Cela crée des cultures d’entreprise toxiques, irrationnelles, basées sur le contrôle et la rétention d’infos de toutes parts. Une anti-productivité par excellence.

L’authenticité, la clé d’un management anti-mimétique 🙌

Le mot clé pour un management qui ne tourne pas au vinaigre c’est la différenciation.

La bonne nouvelle, c’est que les différences humaines sont déjà présentes dans nos entreprises.

La mauvaise, c’est qu’il existe rarement une politique officielle de l’authenticité qui autorise le développement de ces diversités.

“Ce ne sont pas nos différences qui nous divisent, mais nos ressemblances.” – René Girard

4 questions pour une politique de l’authenticité ✅

Si vous êtes dirigeant ou manager, que faites-vous donc pour :

1. Laisser exprimer et faire connaître les talents et les personnalités dans votre équipe ?

2. Laisser exprimer les fardeaux émotionnels au lieu d’attendre qu’ils fassent cocotte minute ?

3. Donner à vos coéquipiers des missions qui collent réellement à leurs aspirations profondes et uniques ?

4. Faire en sorte que vos coéquipiers ne se jalousent pas entre eux, mais au contraire reconnaissent ce que chacun apporte d’unique ?

Avec Boussole, nous observons que les équipes les plus saines et les plus performantes sont celles qui prennent le temps d’avoir des conversations autour de leur unicité et mettent en place des règles pour ne pas se laisser piéger par un mimétisme négatif.

Faire place au mimétisme positif ❤️

Le succès de Facebook n’est pas un hasard. Il répond à des fondamentaux humains décrits par René Girard, retransmis par Peter Thiel et parfaitement mis en œuvre par Mark Zuckerberg.

Dès que l’on commence à reconnaître l’influence négative du mimétisme au bureau jusque dans l’intimité de nos vies, chacun peut reprendre le pouvoir pour explorer une autre façon de vivre ensemble.

Le remède au mimétisme négatif n’est autre que l’authenticité.

Plus le management autorisera la diversité, les différences et l’expression personnelle, plus nos entreprises seront saines, durables et source de stabilité sociale.

Sans cela, les mimétismes positifs que sont l’apprentissage, l’empathie et l’amour n’auront aucune chance dans nos sociétés.

Et Dieu sait si c’est ce dont on a le plus besoin après cette pandémie !

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