Jacques Vergès était l’avocat de la terreur 😱
Il a défendu les pires criminels : le nazi Klaus Barbie, le terroriste Carlos, Khieu Samphân, un dirigeant Khmer rouge accusé de crime contre l’humanité, et était même pressenti pour être l’avocat de Saddam Hussein.
Ajouté à cela, Vergès était connu pour ses propos immoraux et ses comparaisons choquantes.
Par exemple, quand il se disait être moins ému par les trois mille morts du World Trade Center que celui du viol d’une irakienne.
Pour couronner le tout, son amour propre et son culte du secret ne pouvaient qu’énerver davantage ceux dont il chatouillait la morale.
Et pourtant, Vergès fascinait 🧐
Dans la rue, l’ennemi des institutions et de la bien-pensance, était l’ami et le complice de monsieur et madame Toutlemonde.
Ennemi des petits chefs mégalomanes, mais ami de ses coéquipiers et de ses frères.
Et si Vergès avait quelques clés d’inspiration pour un management moins technocrate et plus humain ?
Parler au coeur des Français 🥺
Quand on défend les pires criminels, l’issue du procès est connue avant même d’avoir commencé.
A l’époque, c’était la condamnation à mort.
Vergès savait qu’il était inutile de se confondre en arguments face à la machine judiciaire, froide, inébranlable, qui ne répond qu’à sa propre logique de valeurs morales.
Au lieu de s’adresser à la tête du juge, Vergès cherchait donc à s’adresser au cœur du peuple français.
Tous les coups étaient permis pour que le procès passe du tribunal à la presse : provocations, phrases choc etc.
Le scandale était nécessaire 💥
Les métaphores choquantes de Vergès faisaient partie de l’exercice de style.
Mais le véritable métier de cet avocat était de rendre le monstrueux coupable à nouveau humain aux yeux des citoyens.
C’était de sortir du tableau tout blanc, tout noir. Les gentils, les méchants. Les innocents, les coupables.
Montrer l’envers du décors 🤔
Les gens devaient se dire “ok, ce criminel a commis un acte impardonnable, mais ceux qui le condamnent ne sont pas non plus des saints”.
Par exemple, quand il défendait un terroriste, il mettait le doigt sur l’oppression colonialiste du pays qui jugeait ce même terroriste.
En disant que les terroristes n’étaient pas des produits du hasard !
Ils étaient la conséquence d’un déséquilibre culturel et social causé par le colonialisme.
La bascule de l’opinion 🙃
Face à de telles révélations, l’exécution du criminel devenait alors exagérée pour l’opinion publique.
Or, l’ordre d’exécution à mort venait du chef de l’Etat.
Et s’il voulait les grâces (votes) du peuple, il n’avait pas intérêt à honorer jusqu’au bout la condamnation à mort prononcée par le juge.
C’est ainsi que la majorité des clients de Vergès n’ont jamais été exécutés malgré leur condamnation à la peine capitale.
La méthode Vergès marche et voici comment vous pouvez appliquer certains de ses principes dans votre management :
Donnez du sens à votre équipe 🤝
Quand le top management, vos clients ou vos investisseurs imposent une décision qui ne plaît pas à votre équipe, cela peut faire des étincelles.
Vos coéquipiers peuvent alors se dire “c’est n’importe quoi, ils ne comprennent rien etc.” et passer quelques jours à casser du sucre sur le dos des accusés autour de la machine à café.
Quand cela arrive, vous pouvez comme Vergès, jouer l’avocat des accusés.
Non pas pour les défendre et justifier les décisions, mais pour montrer qu’ils sont aussi humains et qu’ils ont des besoins basiques comme votre équipe.
Par exemple, vous pouvez mettre en lumière leur besoin :
- d’être rassurés en demandant plus d’informations sur les projets
- d’être appréciés en lançant de nouvelles initiatives
- de se sentir utiles en contribuant avec leurs idées etc.
Dès que vous faites cela, vous passez alors du ‘eux contre nous’ au ‘eux comme nous’.
Vous donnez à votre équipe des clés pour répondre à leurs besoins, de façon beaucoup plus intelligente.
Au lieu de subir, votre équipe va retrouver un sens insoupçonné à son action.
Prenez de meilleures décisions collectives 💡
Face aux juges, Vergès ne cherchait pas à avoir raison.
Il ne se perdait jamais dans des détails pour contrer les accusations envers ses clients.
Au contraire, il cherchait à replacer son client dans un contexte, une histoire et des problèmes qui ne sont pas ceux d’un seul homme coupable, mais d’une humanité.
Quand vous devez prendre une décision avec votre CODIR ou votre équipe, il se peut que vous vous perdiez dans des débats où chacun cherche à imposer son opinion.
Comme Vergès, vous pouvez élever le débat et créer la rupture.
Commencez par exemple par recentrer la conversation en disant :
Attendez une seconde, quel est le problème que l’on cherche à résoudre ?
Ensuite, demandez :
Est-ce qu’on choisit cette option pour nous rassurer ou pour servir nos clients ?
Si c’est un choix par peur, il est fort probable que vous preniez une mauvaise décision collective que vous paierez sur le long terme.
Si c’est un choix par générosité, vous avez toutes les chances d’être sur la bonne voie et d’innover.
Ré-humaniser ❤️
Pour Jacques Vergès, un procès était une pièce de théâtre, dont la vocation était la catharsis, c’est-à-dire la purgation des passions : ressentiments, colère, amertume etc.
Mais pour qu’il y ait théâtre, il faut qu’il y ait des acteurs.
Or un accusé qui n’est qu’un coupable à mettre au trou, n’est pas un acteur.
C’est une chose. Un monstre à faire disparaître.
C’est pourquoi Vergès a dû provoquer la rupture afin que la magie théâtrale opère.
Il a dû montrer que l’accusé était aussi un être humain, avec des couleurs et de la vie.
Remettre de l’humain là où il n’y en a plus était sans doute le plus grand talent de Vergès.
Et il se trouve que nos entreprises ont grandement besoin de cette compétence.
Valorisez la diversité dans votre équipe 🦋
Aujourd’hui, nos entreprises ont aussi tendance à vouloir gérer des numéros sur un organigramme.
Il n’y a plus d’acteurs, il n’y a que des pièces détachées.
Or, pas d’acteurs, pas de théâtre. Pas de théâtre, pas de catharsis.
Cela crée des cocottes minutes émotionnelles qui provoquent une résistance à tous les changements.
En tant que manager, il est donc essentiel de donner la parole et une scène à vos collabora(c)teurs.
Comment ? En multipliant les conversations d’équipe.
Nous voyons tous les jours avec Boussole à quel point des équipes éteintes peuvent reprendre un souffle de vie inespéré avec une seule conversation.
Prenez donc régulièrement des moments où votre équipe pourra s’exprimer sur :
- ses doutes et ses peurs
- son sentiment à propos des décisions à prendre
- sa façon préférée de travailler et de communiquer
- ses forces et ses envies
Ce sera le meilleur moyen pour libérer les non-dit, évacuer les petites tensions et avoir une équipe fraîche et disponible pour vous suivre dans vos projets les plus fous.
Vers un management de rupture ⚡️
Aujourd’hui encore, l’héritage de Jacques Vergès met au défi les représentations binaires que l’on se fait du monde :
Les innocents, les coupables. Les méchants, les gentils.
Il nous force à penser en tant qu’êtres humains, tous capables du meilleur comme du pire.
C’est en faisant reconnaître cela qu’il a préservé la dignité humaine de nombreux de ses clients. Et qu’il a aussi mis l’opinion publique face à sa part de responsabilité dans des événements tragiques de notre Histoire.
Pour Vergès, les véritables coupables sont nos tentations de déshumaniser l’autre. Dès que l’être humain devient un numéro, un objet sans émotion qui ne mérite aucune dignité.
À l’apogée du management industriel, dopé au productivisme et l’ultra financiarisation, sa vision ne peut qu’inspirer un management plus humaniste.
Mais force est de constater qu’il faudra passer par quelques ruptures…
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