Le piège dans lequel aurait pu tomber Federer

Seul sur le trône 🤴

Nous sommes en 2008 et Roger Federer règne en maître sur le tennis mondial.

En particulier, cela fait 5 ans qu’il remporte coup sur coup le tournoi de Wimbledon.

En 2008, il se qualifie de nouveau en finale pour empocher un 6ème titre record.

Mais un jeune nouveau se présente devant lui, Rafael Nadal…

La naissance du rival 🎾

Dès le début du match Federer est mis en difficulté par Nadal.

Il n’est plus qu’à quelques points de la défaite quand il renverse totalement la vapeur et revient à égalité.

Mais la puissance de Federer ne suffit pas à mettre à terre l’espagnol.

Les deux joueurs sont toujours au coude à coude après 5 heures de match. Ils entament alors un tie-break haletant (l’équivalent du tir au but).

Et Federer est finalement vaincu.

Une rivalité inhabituelle 🤔

Suite à cette défaite, on pourrait imaginer l’immense amertume de Federer

Voire même la jalousie de voir ce nouveau joueur, plus jeune que lui de 5 ans, venir lui mettre la pâtée dans son propre court.

De l’autre côté, on pourrait imaginer Nadal en train de jubiler à l’idée d’avoir détrôné le patron de Wimbledon.

Mais il n’y a rien de tout cela.

Suite à sa défaite, Federer est sincèrement admiratif :

“Regardez tout ce que Nadal a dû accomplir pour y arriver. C’est le genre de chose que j’aime voir.” – Roger Federer

De son côté, quand Nadal fait le bilan de sa victoire, il ne mentionne pas une seule fois la satisfaction d’avoir vaincu le meilleur joueur du monde.

Sa satisfaction est ailleurs. Elle est dans le fait d’avoir remporté une coupe sur un terrain anglais, où bien peu d’espagnols ont eu l’occasion de montrer leurs qualités.

Le secret d’une compétition positive 🤫

La vérité, c’est que Nadal et Federer ne sont pas en rivalité. Ils sont en admiration mutuelle.

Chacun est le modèle et le professeur de l’autre. 

Et précisément : ils résistent tous les deux à entrer dans un jeu rivalitaire.

C’est ce que reconnaît Pete Bodo, l’un des plus grands journalistes sportifs spécialisé dans le tennis.

“Nadal extraordinairement résistant aux tentations de la compétition”. Pete Bodo

Quand on croque la pomme de la compétition 🍎

Si Nadal avait été un rival pour Federer, tout aurait changé.

Au lieu d’être source d’inspiration, Nadal serait devenu source de danger, un obstacle à écraser.

Ils seraient entrés tous les deux dans un jeu de comparaisons obsessionnelles à chercher à posséder les qualités de l’autre.

Et Federer aurait fini par s’oublier lui-même :

  • Il aurait abandonné sa stratégie d’attaque pour défendre comme Nadal.
  • Il se serait mis à donner des effets à ses balles, comme Nadal, au lieu de continuer de frapper tout à plat.
  • Il aurait peut-être même imité le légendaire revers à deux mains de l’espagnol, alors qu’il joue tout à une main !

Ça paraitrait fou, mais c’est exactement ce type d’erreur qu’a fait un jour Coca Cola face à son nouveau rival Pepsi.

Épidémie de rivalités en entreprise 🦠

Pour des raisons de performance, le monde de l’entreprise vante régulièrement les bienfaits de la compétition.

Mais sans garde fou, les rivalités pullulent dès que :

  • l’un prend la place du chef que tout le monde voulait
  • l’un a une prime et pas les autres
  • l’idée de l’un passe devant les idées des autres
  • sans parler de la place de parking, des bureaux à l’étage vs les bureaux dans la soute etc.

Au lieu de se concentrer sur les objectifs communs à l’entreprise, les collaborateurs – en mal de rivalité – entrent dans une guerre de croisade personnelle pour obtenir ce que l’autre possède.

C’est le début des calculs politiques, de la rétention d’informations et des silos.

La frontière entre compétition et rivalité 🛤

Pour apprendre à résister aux tentations de la compétition rivalitaire, il faut se tourner vers les travaux du neuropsychiatre Jean-Michel Oughourlian.

Selon lui, l’instinct de compétition rivalitaire est inhérent à l’être humain.

Nous sommes en compétition permanente parce que nous ne pouvons pas nous empêcher de nous imiter tous azimuts. Et donc, de vouloir les mêmes choses.

Mais la compétition tourne au vinaigre lorsque l’on ne cherche plus seulement à imiter les qualités et les atouts de l’autre, mais qu’on l’imite dans son propre esprit de rivalité.

Ce qui se résume souvent à : “il me veut du mal, alors moi aussi je lui veux du mal”.

L’antidote à la rivalité 💊

Pour éviter de sombrer dans cette spirale d’imitations destructrices, le neuropsychiatre suggère d’imiter les plus grands désirs de l’autre.

C’est exactement ce que font Nadal et Federer. 

Nadal imite Federer dans son désir de conquérir tous les plus grands tournois du monde.

Il n’imite pas Federer pour ce qu’il est. Ce qu’il l’emmènerait à avoir le même style de jeu ! 

Mais il l’imite dans ses rêves.

L’importance des leaders inspirants 🌻

Dans le monde de l’entreprise, il est donc possible d’éviter beaucoup de rivalités avec cette technique :

  • au lieu de vouloir être chef à la place du nouveau chef, nous pouvons l’imiter dans sa vision ou ses ambitions
  • au lieu de vouloir écraser un concurrent, nous pouvons l’imiter dans sa raison d’être

Mais cela exige de se mettre en recherche de ce qui est bon, noble, juste, vertueux, inspirant et visionnaire chez les autres.

Cela implique d’apprendre à les connaître, à les admirer et aussi d’apprendre à faire rayonner son propre leadership.

Pour ce qui est des personnes aigries par la soif de pouvoir et qui viendraient noircir le tableau, soyez rassuré, à la fin, ce ne sont pas elles qui remportent le Grand Chelem.

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