La bonne intuition 💡
En 2009, Andrew Wilkinson fonde Metalab, une agence web très profitable.
Pour mieux gérer leurs propres projets, ils décident de développer en interne un logiciel qui s’appelle Flow.
En se disant : “si Flow nous aide, ça devrait aider d’autres et nous pourrions le vendre”.
Flow a cartonné 🚀
Dès les premiers mois, Flow générait 20 000 $ de revenus mensuel avec 10% de croissance.
L’app commençait à être utilisée par les pionniers de la tech et les VCs appelaient Andrew pour investir chez lui. Ce qu’il déclinait poliment pour suivre son idéal d’indépendance.
A son pic, Flow générait 3 millions de dollars par an.
Un ennemi nommé Asana 🤨
Andrew avait des étoiles dans les yeux.
Il se rêvait en l’une des rares boîtes tech à réussir en étant autofinancée. Mais un voile sombre vint changer la donne.
Un certain Dustin Moskovitz, cofondateur de Facebook, lançait Asana. Un logiciel de gestion de projet, comme Flow, qui avait l’ambition de mettre le marché dans sa poche.
Même pas peur 😇
Flow et Asana étaient culturellement très différents.
Flow, c’était la startup “faite main”, autofinancée, qui privilégiait la qualité du design et poursuivait l’idéal de réussir toute seule.
Asana, c’était la startup business, rouleau compresseur, dopée aux fonds VC et avec une culture du “quick and dirty”.
Mais Andrew n’avait pas peur. Il voyait que les designs d’Asana étaient moches comparés à ceux de Flow.
Le café qu’Andrew va regretter ☕️
Andrew raconte dans un long thread Twitter toute cette histoire.
Et notamment, sa rencontre avec Dustin, ce nouveau compétiteur qui l’invite à prendre un café.
Ils sont à San Francisco. Dustin apparaît comme un gars sympa et humble (vraiment).
Il lui explique l’énorme quantité d’argent qu’ils ont levé, quels sont les top executives qu’ils ont embauché et de conclure avec une neutralité détonante :
“Nous allons vous écraser”.
Flow bascule dans le côté sombre de la force 😈
Andrew rit jaune.
Ce jour-là, Asana est passé de concurrent à rival.
Les semaines suivantes, plus Andrew voyait des pubs d’Asana dans la ville ou sur internet, plus il mettait de son propre cash dans Flow.
Il fallait plus de marketing, plus de designers, plus de développeurs pour plus de fonctionnalités.
Andrew injectait jusqu’à 150 000 $ de son propre argent tous les mois pour battre un ennemi qui avait 28 millions de dollars de cash frais dans son compte en banque…
La déroute 🔥🚒
10 millions de dollars plus tard, engloutis par l’effort de guerre technologique et marketing, Flow était proche de la banqueroute.
Sa croissance était tombée à 5%, les bugs se multipliaient et les utilisateurs partaient.
Pire encore pour Andrew, Asana avait recruté les meilleurs designers. Leur produit était devenu meilleur que Flow en tous points de vue.
Un armistice salvateur 🕊
L’histoire aurait pu se terminer de façon tragique si Andrew n’avait pas posé un genou à terre.
S’il ne s’était pas rendu compte qu’il était entré dans une guerre stupide qui était perdue d’avance.
Il prit alors deux décisions :
1. De ne plus se battre contre Asana
2. De se concentrer sur la satisfaction de leurs clients
Aujourd’hui, Flow reste une belle petite boite, rentable, qui génère près d’un million de dollars de revenus annuels.
La vraie raison de cet échec 🤭
Dans son thread Twitter, Andrew évoque toutes les leçons de son échec :
• ne pas jouer la compétition contre des boîtes qui ont des investisseurs
• autofinancer sa boîte marche mieux quand on est sur une niche,
• ou lorsque que l’on a un avantage compétitif unique (marque, image personnelle etc.)
Mais il ne dit pas comment ne pas tomber dans cette compétition irrationnelle qui lui a coûté 10 millions de dollars.
La véritable raison de cet échec est qu’il a perdu le contrôle de ses propres désirs.
Flow a imité le désir d’Asana 🤑
Initialement, Flow était une boîte qui avait envie de tout faire par elle-même. Elle voulait rester indépendante et créer un produit de qualité.
Andrew n’avait aucun désir d’être la startup rouleau compresseur. Sa philosophie était même à rebours de l’idéologie d’extrême domination de la Silicon Valley.
Mais ses propres intentions ont été corrompues lors du café avec son compétiteur. Il a vu briller dans les yeux d’Asana un désir de posséder tout le marché.
De la même manière qu’un enfant lâche son jouet pour prendre celui de son voisin, Andrew est devenu obsessionnel de l’objet du désir d’Asana : rafler le marché.
Surveillez votre FOMO 😱
La première conséquence de cette imitation irrésistible, dont nous sommes tous victimes, c’est le Fear Of Missing Out.
Notre compétiteur a vu quelque chose que nous n’avions pas vu. Et si nous étions en train de passer à côté de quelque chose ?
Plus de business ? Plus de gloire ? Plus vite ? Plus facilement ?
Gardez la foi en vos idéaux ⚔️❤️
Ces doutes peuvent venir balayer toutes les promesses que nous nous faisons à nous-même.
Pour Flow, c’était de créer une boîte tech artisanale, une chose rare dans la Silicon Valley.
Pour nous, chez WAKE UP, c’est de mettre plus d’humanisme dans les entreprises.
Pour vous, c’est peut-être un autre idéal.
Si c’est le cas, vous êtes aussi exposé au doute.
Car nos semblables, nos collègues, nos entreprises concurrentes et même nos propres amis, n’ont pas tous les mêmes désirs que nous.
Nous sommes tous tentés 🍎
De nombreuses personnes désirent encore des intitulés de postes prestigieux, des grandes responsabilités, des gros titres de presse, du cash facile et autres prisons dorées à l’abri de toute exposition à la vulnérabilité.
Et à les écouter, à les regarder, nous sommes tous tentés d’oublier d’où nous venons et pourquoi nous luttons pour nos idéaux.
Ce n’est pas désirer l’impossible qui est difficile. Ce qui est difficile, c’est de désirer quelque chose qui n’est pas désiré par tout le monde.
Il y a plus à gagner ⭐️
Andrew a payé 10 millions de dollars la corruption de ses propres désirs. Mais ce n’est pas le pire.
S’il s’était tenu à ses promesses, il aurait certainement créé un business différent.
Il aurait créé un produit encore plus innovant et inspirant pour ses clients.
Il aurait épargné à son staff 12 années d’ultra-pression.
A la fin, son équipe n’aurait pas été déçue, elle aurait été fière.
Alors à quoi ressemblerait le monde si tous les dirigeants et toutes les entreprises se mettaient à suivre leur propres intuitions, leur propre créativité, leur propre cœur ?
Si nous cessions de nous imiter bêtement de peur de rater le coup du siècle ?
Imitons la nature 🌻
Ce serait, je le crois, le déclin des guerres économiques.
Ce seraient des millions de vies épargnées par le feu non pas des armes, mais du productivisme.
Ce serait l’émergence d’une diversité incroyable de business et de services.
Ce seraient des équipes heureuses, créatives et responsables.
Ce serait une économie à l’image de la nature : équilibrée, abondante et durable.
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